Lange & Söhne et Maison Tamboite Paris

(Sur une idée originale de Men’sUP- Textes et Interview de Carole Huyvenard)

La transmission familiale est certainement l’un 
des points communs les plus frappants entre l’horloger saxon et la maison Tamboite, qui fabrique à la main des vélos d’exception dans son atelier parisien. Après de longues années de sommeil, ces deux belles endormies ont été réveillées par l’arrière-petit-fils de leur fondateur. Rencontre.

Lange & Söhne

  •  Lange & Söhne est aujourd’hui le plus prestigieux des horlogers saxons. La maison de Glasshütte a connu bien des péripéties avant de redevenir, malgré les aléas de l’Histoire, le secret le mieux gardé des amateurs de haute horlogerie qui savent l’émerveillement que l’on éprouve devant les incroyables mouvements baroques qui animent une A. Lange & Söhne.

Une histoire qui commence à… Paris

Nous vous invitons à remonter le temps, pour marcher sur les traces du jeune Ferdinand Adolph Lange… dans les rues du Paris d’Alexandre Dumas, de Victor Hugo, de Cuvier, Gay-Lussac ou Foucault, entre 1837 et 1841.

L’histoire commence en 1815, à Dresde. Ferdinand Adolph Lange voit le jour alors que le siècle des Lumières s’efface devant celui des sciences. La révolution industrielle est en gestation et Paris attire les plus beaux esprits du temps. En 1837, le jeune homme vient y parfaire son apprentissage auprès de Josef Thaddäus Winnerl, un horloger autrichien exilé à Paris. Il passera quatre ans auprès de ce maître, qui a posé les bases du chronographe moderne et fabriqué une horloge pour l’Observatoire de Paris. Le jeune Lange se forme à la physique, l’astronomie ou encore la métallurgie, pour améliorer encore sa pratique dans le domaine de l’horlogerie. Il partira ensuite pour l’Angleterre, puis la Suisse, pour parfaire son long apprentissage. C’est un horloger d’exception qui va rentrer à Glasshütte, avec l’ambition de faire de ce pauvre village le pôle d’excellence de l’horlogerie saxonne. Il meurt en 1875, laissant derrière lui une entreprise prospère.

Les années noires de la Seconde Guerre Mondiale auraient pu mettre un terme définitif à cette belle histoire… Mais c’était compter sans la détermination de Walter Lange, l’arrière-petit fils du grand horloger. En 1990, à 60 ans passés, Walter Lange se lançait dans une aventure un peu folle : relancer la maison de son aïeul, qui s’était éteinte à l’ombre du rideau de fer. Avec son partenaire Günter Blümlein, il va ressusciter l’horlogerie saxonne. Un peu plus de 20 ans plus tard, A. Lange & Söhne est l’une des plus prestigieuses maisons de haute horlogerie au monde.

 

Lange & Söhne chez Maison Tamboite Paris

Personnel et confidentiel

La sobriété qui fait partie de l’ADN de la marque : on la retrouve dans la partie visible des montres, cadran et boîtier, qui forme un contraste saisissant avec la poésie des mouvements, ciselés comme des bijoux. Ce sont de véritables œuvres d’art qui se cachent entre le cadran et le poignet. « C’est pour cette raison que beaucoup aiment notre marque. Nous sommes un secret bien gardé » commente Wilhelm Schmid, CEO de A. Lange & Söhne. « Nos clients apprécient de pouvoir porter nos montres, même les plus coûteuses, sans que la plupart des gens puisse les identifier. Ceux qui vont reconnaître la montre seront leurs semblables, c’est cette reconnaissance qui leur plaît. Ils apprécient le fait que nous soyons discrets. Le secret est dévoilé lorsque la montre est retournée. Nous faisons beaucoup pour les propriétaires, pas pour le public.»

Lange & Söhne ne s’adresse pas exclusivement aux collectionneurs fortunés. Avec un boîtier en or gris de la Saxonia Classique, le rêve est accessible. « L’essence de notre marque est de fabriquer des montres de la plus haute qualité possible et nous ne faisons pas la distinction entre celles à 14 000 ou à 2 millions d’euros » poursuit Wilhelm Schmid. «Chaque montre que nous présentons doit véhiculer ces attributs pour lesquels nous sommes réputés. Nous ne faisons pas de distinction sur la qualité, que vous achetiez la moins compliquée de nos montres ou la plus compliquée, il n’y aura aucune différence en termes de niveau de qualité, de savoir-faire ou de décoration. C’est l’un de fondements de notre marque et c’est une limite pour nous en termes de prix. Nous n’avons pas de montre en acier, elles sont en or massif ou en platine ».

Le produit d’abord

A.Lange & Söhne a tourné une nouvelle page de son histoire avec la refondation de la maison en 1990. Avec des innovations et de nombreux brevets, un style unique, A. Lange & Söhne s’est imposée comme l’une des plus grandes maisons de haute horlogerie, portée par un réseau toujours plus enthousiaste de collectionneurs.

Ce succès s’appuie sur une stratégie d’innovation et une exigence de perfection qui ne s’embarrasse pas de discours marketing. « Bien sûr nous avons des histoires, mais elles sont liées à notre histoire, aux gens, à nos produits, à nos innovations techniques. Elles doivent avoir un sens. Nous sommes une entreprise très centrée sur le produit et ce que nous faisons est le reflet de cela » décrypte Wilhelm Schmid. « Le produit vient avant toute chose. Parce qu’à la fin, après toute l’expérience vécue pendant l’achat, ce que vous aurez au poignet, c’est une montre. Et si elle ne remplit pas ses pro- messes, vous serez déçu. »

Ferdinand A. Lange aurait été fier de découvrir la nouvelle manufacture, inaugurée en 2015 par Angela Merkel pour le bicentenaire de sa naissance. Un outil de production grâce auquel la maison peut orchestrer une stratégie d’innovation bien planifiée.

Cette année, la maison a présenté de belles nouveautés au Salon International de la Haute Horlogerie de Genève : une collection féminine, une montre à sonnerie dans la collection Zeitwerk, la nouvelle génération de la Lange 1 Phases de Lune et un nouveau chef d’œuvre, le Tourbograph Perpétuel “Pour le Mérite ». « Nous avons une stratégie de développement produit sur un cycle de cinq ans. Certaines de ces montres demandent plus de temps de développement, et nous avons intérêt à y travailler maintenant » précise Wilhelm Schmid, qui ajoute « nous mettons les ressources nécessaires au bon moment pour chacun des projets, pour qu’ils puissent être dévoilés en temps voulu. C’est ainsi que nous pouvons présenter des innovations comme le Datograph Perpetual Calendar Tourbillon l’an dernier et cette année le Tourbograph Perpétuel pour le Mérite ».

 

  

Interview croisé

 

Thibaut Pellegrin, Directeur Europe de l’ouest, A. Lange & Söhne : J’ai découvert la maison Tamboite assez récemment et au delà de la qualité et de la beauté des vélos, ce qui m’a frappé, ce sont les similitudes avec la maison A. Lange & Söhne. Votre maison a été créée par votre arrière-grand-père et vous l’avez reprise très récemment. C’est exactement ce qui s’est passé avec A. Lange & Söhne, qui a été créée dans les années 1840. Son histoire s’était malheureusement interrompue à cause de la Seconde Guerre Mondiale et la maison a connu une deuxième vie suite à la chute du mur de Berlin.

Frédéric Jastrzebski, Maison Tamboite : L’effort que nous faisons aujourd’hui pour reprendre là où l’histoire s’est arrêtée, c’est un hommage, une volonté de poursuivre une lignée. Il est important d’extraire l’essence de cet ADN qui est le nôtre. 

T.P : C’est ce défi entrepreneurial que je retrouve avec vous : en créant de nouveaux projets, avec une vision qui s’inscrit dans la durée, la maison ne se contente pas de renaître de ses cendres.

F.J : La collection sur laquelle nous avons travaillé est un trait d’union entre le passé et l’avenir. Le modèle Henri est une référence au vélo porteur de mon grand-père. Le fait de reproduire d’une autre manière a une forte puissance évocatrice pour nous et pour nos clients. L’effort que nous faisons aujourd’hui pour reprendre là où l’histoire s’est arrêtée, c’est un hommage, une volonté de poursuivre une lignée. Il est important d’extraire l’essence de cet ADN qui est le nôtre.

T.P : Nous avons de même cinq collections très différentes, qui font chacune références à un aspect très particulier de A. Lange & Söhne. Ce peut être une personne, comme pour la collection Richard Lange. C’est très impressionnant de voir à quel point chaque famille, comme on les appelle chez nous, à sa propre identité, jusqu’à la plus récente, la Zeitwerk, une montre mécanique à affichage digital qui fait la passerelle entre l’héritage et l’innovation technique. 

F.J : La technologie est la nouvelle frontière de l’artisanat, qu’il s’agisse de technologie mécanique ou informatique, notamment pour la gestion du moteur électrique. Elle sert à intégrer des fonctionnalités utiles et prouvées, ce qui est tout sauf de la technologie pour la technologie.

T.P : La collection Lange 1 apporte un mélange de fonctionnalité, de lisibilité et de technicité avec cet affichage excentré et sa
 grande date. C’était une prouesse technique, mais elle a été réalisée
pour bénéficier au porteur de la
montre. Il n’y a pas besoin d’avoir
fait des études d’horlogerie pour
apprécier une montre A. Lange &
 Söhne : il suffit de retourner la
montre, d’observer le mouvement. Je pense que tout le monde est marqué par la beauté des mouvements, on nous parle souvent de ville miniature… et ça fascine.

F.J : Notre démarche s’adresse à des gens qui ne sont pas nécessairement des techniciens, parce qu’elle est fondée sur l’émotion. On passe devant un objet il y un contact visuel, un contact tactile, l’envie d’utiliser avant la compréhension du produit. Et puis ensuite on va découvrir ses aspects techniques. Il y a une autre dimension très partagée entre nos savoir-faire et les vôtres, c’est cette poésie de la mécanique, cet émerveillement face à ce miracle de la transmission de l’énergie entre celui qui utilise l’objet et l’objet lui-même dans sa fonction. 

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